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22 juillet 2014 2 22 /07 /juillet /2014 00:53
Réfugiés de Calais : le mouvement associatif à la hauteur, les autorités, non

article intégral publié ici http://blogs.mediapart.fr/blog/francois-g/170714/refugies-de-calais-le-mouvement-associatif-la-hauteur-les-autorites-non

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Dans la situation de crise que connait Calais, le mouvement associatif fait face aux besoins d’urgence malgré l’incompétence et l’incohérence des autorités, de la mairie au sommet de l’état.

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Quai de la Moselle, mercredi soir, vers 17 heures : une dizaine d’associatifs arrivent pour organiser la file d’attente des migrants. Poignées de mains, sourires, et un peu de temps pour connaître les besoins de l’un ou de l’autre. Trois nouveaux arrivants afghans ont besoin d’une tente et de couvertures. Un Erythréen a fait une mauvaise chute et a besoin de soins. Un Soudanais a oublié son téléphone portable à l’hôpital de Calais. A 18 heures les deux fourgons de l’Auberge des Migrants se garent en tête de la file d’attente, forte d’environ 300 réfugiés. D’autres arrivent du vestiaire mensuel du Secours Catholique avec un petit sac : des vêtements, une couverture, une paire de chaussures, et la file s’allonge. …/… Comme d’habitude, quelques SDF français se sont présentés dans la file d’attente et ont été servis. Une heure et demie après, 700 repas ont été distribués. Ceux des musulmans qui respectent le ramadan ont été emballés dans de la cellophane et seront consommés après le coucher du soleil. Parmi les réfugiés, une vingtaine de femmes, qui n’ont pas pu trouver de place dans le local qui leur est réservé route de Saint-Omer, et une cinquantaine de mineurs. …/…

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Des associations efficaces et coordonnées

Depuis deux semaines, les associations locales qui préparent des repas ne peuvent plus travailler sur le lieu de distribution, rue de Moscou. Celui-ci, après l’évacuation brutale par la gendarmerie, est fermé, et les deux bungalows de Salam et de l’Auberge des Migrants sont inaccessibles. Les serrures ont été changées par la ville et un gardiennage privé est chargé d’éloigner les anciens usagers. Pourtant, malgré ces décisions arbitraires, les associations continuent d’assurer leurs tâches. Salam et l’Auberge des Migrants préparent et distribuent un repas par jour. Le Réveil Voyageur circule de jungle en jungle pour servir des petits déjeuners. Emmaüs fournit des couvertures, en remplacement de celles détruites par les forces de police, ainsi que du pain provenant des invendus des supermarchés du Calaisis et du Boulonnais. Médecins du Monde amène des tentes, là aussi après la destruction de celles qui avaient été fournies les semaines précédentes, lacérées et compressées en déchèterie. Le Secours Catholique fournit des vêtements et des chaussures. Calais Ouverture et Humanité informe et cherche à susciter des initiatives de solidarité des Calaisiens. L’association No Border a ouvert un nouveau squat dans un bâtiment industriel inoccupé, et organise avec une cinquantaine de migrants le fonctionnement du site. Autour de ces structures, de nombreux Calaisiens viennent donner un coup de main ponctuel, ou collectent autour d’eux des vêtements et de la nourriture. …/…

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Les autorités créent du désordre et de la violence

On ne peut pas en dire autant du côté des autorités. Depuis fin mai, face à l’augmentation du nombre de réfugiés, et probablement sous la pression combinée du ministère de l’intérieur, des autorités britanniques et de l’extrême-droite locale, Nathalie Bouchart, sénateur-maire, et son équipe, tentent de faire disparaître les migrants du paysage urbain et portuaire. C’est à la demande de la mairie que le préfet a mis en place début juin l’opération d’évacuation de deux camps installés près du port, puis celle du lieu de distribution, début juillet, investi par les migrants sans abri. La mairie ne respecte plus la convention qu’elle avait signée avec les associations Salam et l’Auberge des Migrants, pour la mise à disposition du lieu de distribution. Après avoir lancé aux Calaisiens en fin d’année dernière un appel à la délation concernant l’ouverture de squats, elle a promulgué deux arrêtés municipaux contre le bivouac et les rassemblements de personnes, dans le secteur de la ville le plus fréquenté par les migrants. Du côté de l’Etat, le préfet Denis Robin a exécuté, sans enthousiasme, les opérations demandées par la mairie. Il a cessé de dialoguer avec les associations.

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L’hygiène publique n’est pas assurée, car on n’installe pas les toilettes et les douches nécessaires. En définitive, les autorités ajoutent du désordre au désordre, de la violence à la violence, et elles ont rompu les ponts avec le mouvement associatif. Nathalie Bouchart innove même, tentant de diviser les associations en attaquant No Border, qui serait un repaire d’extrémistes venus d’ailleurs, et qui n’est de fait qu’une aile radicale et utopiste de jeunes, dont les initiatives sont soutenues par des associations aussi dangereuses que Médecins du Monde et Emmaüs … et dont le préfet lui-même a reconnu qu’elles avaient leur utilité.

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