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12 août 2011 5 12 /08 /août /2011 06:25

Lundi 04 Juillet 2011

Par Nicole Maestracci, présidente de la FNARS
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Au gré des décisions politiques successives qui touchent à l'accueil des demandeurs d'asile, la tendance affichée par les services de l'Etat est de limiter leur accompagnement social.

Les prévisions budgétaires annoncées sur les deux années à venir sur le secteur de l'asile (par exemple, - 10 % sur les Centres d'accueil pour demandeurs d'asile - CADA) portent en effet essentiellement sur une réduction des missions d'accompagnement et ceci à chacune des étapes du parcours du demandeur d'asile.

 

Qui sont les demandeurs d'asile ? Des hommes, des femmes, des familles qui, craignant d'être persécutés dans leur pays d'origine, viennent demander le statut de réfugié dans un autre pays afin d'y obtenir sa protection. Lors de son arrivée en France, un demandeur d'asile se présente auprès d'une « plate-forme d'accueil », où il doit pouvoir trouver un soutien dans le cadre de ce premier accueil.


Jusqu'à aujourd'hui, ce soutien consistait en un accompagnement social et administratif, joint à de l'information et de l'orientation vers des services adaptés (santé, hébergement...) lorsque nécessaire. Or, pour l'année 2012, l'Office français de l'immigration et de l'intégration (OFII) entend uniformiser les prestations assurées par les plates-formes. A ce titre, il va proposer au mois de septembre un nouveau cahier des charges qui restreint de façon considérable les missions d'accompagnement social des plates-formes.

 

Terminés « l'aide au récit », la préparation aux entretiens à l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) qui détermine l'octroi ou non du statut de réfugié, l'accompagnement santé, ou encore l'aide à la scolarisation, etc. Les futures missions des plates-formes se réduiront à de l'information et de l'orientation vers les dispositifs de droit commun (pour l'ouverture des droits). La plate-forme sera principalement garante de la domiciliation.

Dans cette même logique, une circulaire du 24 mai 2011 émanant du secrétaire général de l'intégration et de l'immigration vient limiter l'hébergement d'urgence dédié aux demandeurs d'asile à un hébergement « stricto sensu » (c'est-à-dire en excluant toute forme d'accompagnement social). Cette orientation est d'autant plus inquiétante qu'elle induit implicitement une inégalité de traitement entre les demandeurs d'asile hébergés en CADA et les autres.

Si les premiers pourront être suivis sur place par des travailleurs sociaux, les seconds seront orientés vers les dispositifs de droit commun (assistant social de secteur, Caisse primaire d'assurance maladie, Pôle emploi, etc.) qui risquent de refuser leur prise en charge, par manque d'effectifs compétents ou en raison de leur situation administrative.

 

Parallèlement, les CADA sont eux aussi menacés de voir les effectifs réduits pour le personnel socio-éducatif. Au regard des diminutions budgétaires annoncées, le secrétaire général de l'intégration et de l'immigration invite effectivement à réduire les taux d'encadrement de professionnels en charge de l'accompagnement social.

Enfin, en réduisant les moyens des CADA, l'Etat renvoie de facto les demandeurs d'asile vers les centres d'hébergement d'urgence généralistes, qui, faute de place, ont de plus en plus de difficulté à assurer leur mission d'accueil inconditionnel, pourtant inscrite dans le code de l'action sociale et des familles. 

 

Au regard des engagements internationaux de la France en matière de droit de l'homme et de protection des réfugiés, cette précarisation des personnes en droit d'obtenir une protection et un accueil digne est alarmante.

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11 août 2011 4 11 /08 /août /2011 05:37

 

Par denis.seguin le 30/07/11

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Pour les demandeurs d'asile passés par un autre Etat de l'Union européenne, c'est le premier Etat qui doit traiter la demande, à la condition que les délais soient respectés. Si l'Etat français ne parvient pas à excuter la mesure de renvoi vers l'autre Etat européen dans un certain délai, c'est l'Etat français qui doit prendre en compte la demande d'asile. C'est la règle, avec une eception: le délai est prolongé si l'intéressé a eu un comportement de fuite.

 

Par trois ordonnances de référé, le tribunal administratif de Nantes , saisi par nous, vient de juger le 29 juillet 2011, que le fait de ne pas se rendre à une convocation, voire des convocations, ne peut s'analyser comme constituant nécessairement un comportement de fuite. Selon nos informations, la préfecture concernée (qui n'est pas celle du Maine-et-Loire) envisage de faire appel.

 

Publié sur denis.seguin

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10 août 2011 3 10 /08 /août /2011 05:45

Le Groupe Accueil et Solidarité (GAS), à Villejuif, accompagne une centaine de femmes dans leur combat pour l'obtention du droit d'asile. Rencontre avec deux réfugiées.

 

publié sur

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Maria-Victorine, 37 ans, République démocratique du Congo, en France depuis 2009

"Quand Laurent-Désiré Kabila [NDLR:président de la République du Congo de 1997 à 2001] est arrivé au pouvoir, il a exigé que tous les anciens militaires de Mobutu [NDLR:président de 1965 à 1997] travaillent dans les camps. Un jour, la police est arrivée à la maison et ils ont enlevé mon père car il était proche de Mobutu. Avec d'autres, j'ai alors fondé une association pour faire la lumière sur sa disparition.

En raison de cette implication, j'ai été obligée de franchir la frontière pour prendre un avion à Brazzaville, en République du Congo. En arrivant à Paris, je me suis rendue directement à France Terre d'Asile. J'ai ainsi été hébergée dans un hôtel quelques mois. Puis, en mai 2010, on m'a redirigée vers le Centre d'accueil pour demandeurs d'asile (CADA). En janvier 2011, ma demande de statut de réfugié a été rejetée par l'OFPRA qui a jugé mon dossier trop superficiel. J'ai eu un mois pour quitter le foyer, avec en poche un simple récipicé valable trois mois.

Malgré mon diplôme d'Etat en math-physiques, je n'ai pas le droit de travailler. Alors avec mon fils de 10 ans, on vit des Assedics et des Restos du cœur. Comme je n'ai pas de logement, je n'ai que le choix d'appeler le 115. S'il n'y a plus de place, je dors dehors avec mon fils. Mon problème de logement est ma seule préoccupation, j'y pense toute la journée. Ce n'est pas une vie pour mon fils qui est scolarisé dans le 94.

Ma dernière chance est en septembre. Avec le GAS (Groupe Accueil et Solidarité) on fait rouvrir le dossier de demande d'asile mais je risque d'être déboutée. Rentrer dans mon pays est trop risqué. Si au moins on pouvait me transférer vers un pays où les réfugiés sont mieux traités. Moi, je croyais que la France était une terre d'asile".

 

Aïcha, 24 ans, Guinée Conakry, en France depuis août 2010

"Ma mère est décédée quand j'avais 8 ans. Mon père s'est remarié. Avec ma belle-mère, je devais faire toutes les tâches ménagères et je n'avais pas le droit de manger. En Guinée, j'ai été victime de violences, de viols, d'excision et de prostitution forcée.

Un jour, un de mes clients m'a pris sous son aile. Mathieu m'a aidé à quitter mon pays. Sans lui, je n'aurais eu ni l'argent ni le visa nécessaire au départ. Il m'a accompagné au Sénégal pour prendre un avion en direction de Paris.

A mon arrivée en France, j'ai dormi dehors pendant deux semaines. Un soir, j'ai enfin croisé un homme qui parlait la langue Soussou [NDLR:langue d'Afrique de l'ouest]. Hallassan m'a hébergé chez lui et il m'a mis en contact avec un ami qui était suivi par le GAS. Là-bas, j'ai rencontré une famille guinéenne. Elle m'héberge mais comme la mère est décédée, je ne peux plus y rester et maintenant je ne sais plus où dormir.

Comme je ne peux pas travailler, je ne vis que de l'allocation temporaire d'attente du droit d'asile, 10 euros par jour. Elle ne dure que le temps de la procédure. Ma première demande d'asile a été rejetée par l'OFPRA car je n'apportais pas assez de détails dans mon récit. J'ai rencontré des difficultés à m'expliquer car quand je suis arrivée je ne parlais pas le français. J'ai suivi des cours de langue par le GAS qui m'accompagne également dans la réouverture de mon dossier. Si ma demande est de nouveau rejetée je n'aurais plus de solution et je ne peux pas rentrer chez moi. Les associations me donnent le courage d'aller au bout. Comme en Guinée j'ai vécu de nombreuses épreuves, je n'ai pas peur d'être ici".

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9 août 2011 2 09 /08 /août /2011 05:30

CIMADE Communiqué de presse - 1er août 2011

 

En 2009, le gouvernement annonçait la création d’un nouveau camp d’internement administratif pour les étrangers d’une capacité de 240 places, à proximité de l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle sur la commune du Mesnil-Amelot.

Aujourd’hui, l’ouverture de ce centre de rétention administrative (CRA), le plus grand de France, vient rappeler que l’enfermement est bien devenu un mode banal de gestion, de contrôle et de mise à l’écart des populations migrantes.

brochure 70ansLa Cimade et ses partenaires associatifs n’ont eu cesse de dénoncer l'illégalité et la déshumanisation de ce camp en alertant l’opinion publique et en saisissant le Conseil d’État qui, à ce jour, ne s’est toujours pas prononcé.

Symbole de la froideur sécuritaire et technologique au service du contrôle des corps, la structure répond aux critères de l’architecture carcérale classique : bâtiments en étoile autour d’un centre de contrôle central, portes hachoirs, caméras de surveillance, détecteurs de mouvements, restriction des possibilités de communication entre les personnes retenues et avec les intervenants civils… On pourra y enfermer 240 étrangers, dont des enfants, en contournant la limitation légale de la capacité des CRA fixée à 140 places, et les juger dans une antenne spécifique et délocalisée du tribunal, attenant au centre, le tout cerclé d'une même enceinte barbelée.

Après deux ans de mobilisation associative, il n’est pas anodin que le gouvernement choisisse la période estivale pour ouvrir ce véritable camp d’internement. La localisation géographique de ce camp, sa structure intérieure comme le choix de mettre en place une justice d’exception en son sein, sont autant de preuves de cette mise à distance de la société civile.

Nous avions tiré la sonnette d’alarme lors de l’incendie de l’ancien centre de rétention de Vincennes, qui faisait suite au décès d'une personne enfermée. Face à un système froid et déshumanisé, il est à craindre que la seule réaction possible pour les personnes retenues soit de retourner la violence contre elles-mêmes et que les automutilations, grèves de la faim, tentatives de suicide n’en soient le quotidien.

 

Avec l’entrée en fonction de ce nouveau centre, et cela alors même que la durée de rétention vient d’être allongée à 45 jours, la politique d’industrialisation de la rétention et la criminalisation des migrants franchit une nouvelle étape. La Cimade dénonce ce grave coup porté aux plus exclus d’entre nous, ainsi qu’aux valeurs fondamentales de notre société.

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8 août 2011 1 08 /08 /août /2011 06:09
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5 août 2011 5 05 /08 /août /2011 06:24

Par Stéphane Malka | LexTimes.fr | 12 juillet 2011 14:50 http://www.lextimes.fr/4.aspx?sr=5034

 

Droit d'asile, regroupement familial, court séjour, long séjour... Les possibilités pour un étranger de vivre sur le territoire français, pour une durée plus ou moins longue, sont multiples. Quand l'une se heurte à un refus, une autre peut parfois fonctionner. Voici ce qui ressort de cet arrêt du Conseil d'État(1) en date de vendredi dernier.

Conseil-detat-001-.pngYannick A., de nationalité congolaise, décide de rejoindre en France sa mère et l'époux de celle-ci, qui ont été reconnus réfugiés statutaires en 2002. Mais les choses ne se passent pas comme il le souhaite. En février 2008, le consul général de France à Kinshasa lui dit non. En mai 2009, la commission de recours contre les décisions de refus de visa d'entrée en France lui dit également nouveau non. Elle estime que les documents d'état civil n'établissent pas assez clairement la filiation avec les deux parents. Il reste encore un espoir pour Yannick: porter l'affaire devant le Conseil d'État.

La plus haute juridiction administrative relève tout d'abord une erreur dans l'analyse de la commission qui a refusé le visa. Si les pièces du dossier n'établissent pas la filiation avec le père, ils ne laissent en revanche pas de doute sur le lien de parenté avec la mère. Elle est bien la génitrice du requérant. Ce qui change la donne.

Et c'est là que l'affaire devient particulièrement intéressante. En raison de cette erreur, l'affaire aurait pu être d'emblée rejugée. Mais l'administration a le droit, devant le Conseil d'État, de motiver une décision par un nouvel argumentaire, différent de celui pris initialement. Il faut simplement que plusieurs conditions soient réunies: 

► le nouveau motif devait déjà exister au moment où la décision a été prise. 
► il doit être établi et incontestable que l'administration aurait pris la même décision si elle s'était fondée dès le départ sur ce nouveau motif. 
► le requérant ne doit pas être privé d'une garantie procédurale, du fait de ce nouveau motif. 

L'administration soulève alors un nouvel argument pour motiver le refus de visa: l'article L. 411-2 du code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile. 

Selon elle, cette disposition permet à un enfant de rejoindre un seul de ses parents au titre du regroupement familial dès lors que l'autre parent est décédé ou déchu de ses droits parentaux. Le requérant n'est pas dans cette situation. Peu importe donc que sa mère présumée soit bien sa mère effective, il ne peut toujours pas avoir de visa au titre du regroupement familial.

Le Conseil d'Etat relève que si cet argument avait été invoqué en premier lieu, le requérant aurait pu se défendre... en demandant la qualité de réfugié !

Les enfants d'un réfugié statutaire peuvent en effet se voir reconnaître la qualité de réfugié et ont droit à ce titre, lorsqu'ils ont moins de dix-huit ans, à un visa d'entrée et de long séjour en France en vue d'y rejoindre un de leurs parents réfugié. C'était le cas de M.A. au moment où il a fait sa demande. La décision de la Commission est donc cassée et le consul de France à Kinshasa devra délivrer un visa à Yannick pour lui permettre de rejoindre sa mère en France.
_____
(1) CE, 6e ss-sect., 8 juill. 2011 n° 330450, ministère de l'intérieur c/ Yannick A. 

 

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4 août 2011 4 04 /08 /août /2011 05:59

 

La liste des métiers ouverts aux étrangers réduite de moitié

LEMONDE.FR | 25.07.11 | 

 

 

 

http://www.lemonde.fr/societe/article/2011/07/25/le-liste-des-metiers-ouverts-aux-etrangers-reduite-de-moitie_1552691_3224.html#xtor=RSS-3208

   

 

 

La nouvelle liste restreint sévèrement l'accès de ressortissants étrangers non ressortissants de l'Union européenne aux métiers du BTP.AFP/ERIC CABANIS

En avril, le ministre de l'intérieur, Claude Guéant, formulait le souhait de "réduire l'immigration légale liée au travail." Le gouvernement voulait alors diminuer de moitié le nombre de permis de travail accordés aux étrangers sur le territoire français. Pour atteindre cet objectif, les ministères de l'intérieur et du travail viennent de transmettre aux syndicats un projet d'arrêté fixant la nouvelle liste des métiers "en tension" ouverts aux étrangers non ressortissants de l'Union européenne. Cette nouvelle liste devrait ainsi être diminuée de moitié par rapport à celle de 2008, affirme le quotidien Les Echos. Désormais, seules quinze familles de métiers seront accessibles aux non-Européens, contre trente auparavant.

 

"Il s'agit de circonscrire cette liste aux métiers les plus qualifiés ou les plus spécifiques, correspondant à des besoins significatifs de main d'œuvre", qui seraient impossibles à pourvoir à court terme avec des travailleurs déjà présents en France, précise le courrier de la Délégation générale de l'emploi (DGEFP), qui a été adressé aux syndicats.

Cette liste comprend en outre une nouvelle disposition qui permettra aux régions de l'adapter en fonction de leurs besoins spécifiques. Les préfets pourront en effet décider désormais ne pas retenir certaines familles de métiers de la liste si ces métiers ne sont pas en tension sur leur territoire. Ils pourront même "se contenter d'un seul métier" s'ils le veulent, souligne ainsi Les Echos.

SECTEURS TOUCHÉS : LE BTP ET L'INFORMATIQUE

Sont désormais retirés de la liste des métiers comme agent d'assurance, installateur d'ascenseur ou géomètre, pour lesquels l'immigration par le travail était déjà quasi inexistante. Les restrictions les plus importantes concernent surtout les secteurs de l'informatique et du BTP. "Les postes de chargés d'études, de chefs de chantier et de conducteurs de travaux sortent ainsi de la liste, qui n'inclut plus, dans ce secteur phare, que le poste de dessinateur", explique ainsi le quotidien Les Echos.

Le ministère du travail a indiqué que la liste, soumise aux syndicats, pouvait encore être modifiée et qu'elle serait définitivement arrêtée dans la première quinzaine d'août. Les syndicat s'étaient montrés hostiles à une telle mesure, critiquant une approche "nationaliste" du gouvernement, et le patronat avait considéré que ce n'était pas une priorité.

Chaque année, près de vingt mille visas de travail sont délivrés. Ils concernent le plus souvent des changements de statut pour des personnes déjà présentes sur le territoire. Les conséquences de ces nouvelles restrictions sur le marché de l'emploi sont difficiles à évaluer. Selon les estimations des Echos, entre dix mille et douze mille postes seraient ainsi " libérés" sur le territoire français.

LeMonde.fr

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3 août 2011 3 03 /08 /août /2011 05:55

MEDIAPART, | Par Antoine Perraud

Patrick Weil: «L'immigration n'est pas une chance, c'est un fait»

patrick-weil-historien-et-specialiste-des.jpgPatrick Weil, né en 1956, docteur en sciences politiques, directeur de recherches au Cnrs, qui enseigne outre-Atlantique (à Yale notamment), travaille sur l'immigration en France: son histoire, son présent, son devenir. Patrick Weil publie sans relâche. Par exemple, Liberté, Égalité, Discriminations. L'«identité nationale» au regard de l'histoire (Grasset, 2008), ou encore Être français, les quatre piliers de la nationalité (Ed. de l'Aube, 2011). Dans ce dernier ouvrage, qui reprend une tribune donnée au Monde l'an dernier, l'universitaire, face à la politique jugée antirépublicaine de Nicolas Sarkozy, propose une définition positive et unitaire de la citoyenneté, fondée sur ce qui relie: le principe d'égalité, la mémoire de la Révolution française, la langue française et la laïcité. Or pour l'auteur, le pouvoir actuel brise ces «produits de notre histoire» sur l'autel d'un populisme aux fantasmes épurateurs savamment entretenus.

Patrick Weil est un expert qui entend participer à l'action publique. Il a démissionné des instances de la Cité nationale de l'immigration en 2007, notamment pour protester contre la création du ministère liant immigration et identité nationale. Il a fait partie de la commission Stasi chargée de réfléchir, en 2003, sur «l'application du principe de laïcité dans la République» – le président Chirac penchait alors pour arrondir les angles, face à ceux qui jetaient de l'huile sur le feu.

En 1997, Patrick Weil avait remis un rapport sur l'immigration au ministre de l'Intérieur du gouvernement de Lionel Jospin, Jean-Pierre Chevènement, qui entendait mener une politique «équilibrée». Depuis, Patrick Weil est à la fois en butte aux critiques de la droite, qui le considère comme laxiste en la matière, et d'une partie de la gauche, qui estime que son réalisme, prompt à dépassionner la question, recouvre une vision par trop comptable, froide et insensible des choses.

Le chercheur a sans doute subodoré un tel état d'esprit critique chez le journaliste de Mediapart venu l'interroger ; si bien qu'une légère tension domine cet entretien en trois parties: Patrick Weil entend donner quelques leçons de pragmatisme – et d'histoire – à son questionneur, peut-être perçu comme une bonne âme de passage...

 

Dans une première vidéo, à partir de François Fillon «taclant» Eva Joly en Côte d'Ivoire au sujet du 14-Juillet, Patrick Weil analyse la question de la binationalité, dont Marine Le Pen voudrait faire un cheval de bataille, avec la complicité de Thierry Mariani, député UMP membre de la Droite populaire (qui entend briguer l'une des circonscriptions créées pour les Français de l'étranger – ayant donc souvent une double nationalité...). Patrick Weil défend enfin sa conception républicaine de «l'intégration» et de «l'assimilation», en dépit d'une chaîne sémantique pour le moins piégée par les discours et les actes de Nicolas Sarkozy et de Claude Guéant.

Vidéo 1 : http://www.dailymotion.com/video/xk34se_patrick-weil-1-3-de-l-assimilation_news#from=embediframe&start=0

 

"On saucissonne les Français selon des caractéristiques»

Dans la deuxième vidéo, Patrick Weil accuse Nicolas Sarkozy de déstructurer l'unité de la nation. S'appuyant sur une question méconnue, les naturalisations, l'universitaire démontre comment «on saucissonne les Français selon des caractéristiques choisies par le président de la République et le ministre de l'Intérieur». Patrick Weil refuse tout angélisme sur l'immigration, qui «n'est pas un bien en soi», qui apporte à la France tout en la déstabilisant. Selon lui, il s'agit de «gérer les circulations dans un monde constitué d'États-nations».

Patrick Weil estime que nous assistons au «succès de l'intégration», par-delà toutes les rhétoriques déployées. Il fait un sort à l'expression «immigration choisie», sous-tendue par un racisme régalien opposé aux devoirs qu'impose un État démocratique. Questionné sur la loi de 1965 qui faisait passer, aux États-Unis d'Amérique, le mérite devant l'origine nationale, Patrick Weil revient sur la loi Johnson-Reed de 1924, qui établissait un système de contingentement par pays. Puis il démontre ce qui fait, selon lui, l'inanité du système des quotas. À propos de la valse-hésitation de Nicolas Sarkozy en la matière, le chercheur affirme enfin que le président de la République «ne cesse de rompre avec lui-même»...

Vidéo 2 : http://www.dailymotion.com/video/xk375v_patrick-weil-2-3-de-la-differenciation-sarkozyste_news#from=embediframe

 

Dans la troisième et dernière vidéo, avant de se livrer à un vibrant hommage aux résistances d'une société française soutenant, grâce à de multiples réseaux, les immigrés face à un sommet de l'État déchaîné comme jamais depuis la Seconde Guerre mondiale, Patrick Weil revient sur ses débuts. Dès l'élection de François Mitterrand à la présidence de la République en 1981 – il n'avait pas 25 ans –, le militant socialiste (au Ceres de Jean-Pierre Chevènement) Patrick Weil entre au cabinet de François Autain (l'oncle de Clémentine Autain), secrétaire d'État chargé quelques semaines de la sécurité sociale (22 mai-23 juin 1981), puis (22 juin 1981-22 mars 1983) des immigrés, sous l'égide de Nicole Questiaux, ministre d'État (puis plus d'État, puis démissionnaire en juin 1982), à qui incombait la «solidarité nationale».

[Il est par ailleurs question, au cours de l'entretien, d'André Postel-Vinay (1911-2007)]

Vidéo 3 : http://www.dailymotion.com/video/xk3abb_patrick-weil-3-3-de-1981-a-2012_news#from=embediframe

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2 août 2011 2 02 /08 /août /2011 06:24

Anafé

Association nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers

 

Bilan 2010 - Observations et interventions de l’Anafé en zone d’attente de Roissy

27juin 2011

 

Alors qu’une nouvelle loi sur l’immigration vient d’être votée, l’Anafé dresse un bilan de ses observations au cours de l’année 2010 sur la situation des étrangers bloqués à leur arrivée sur le territoire français, dans la zone d'attente de l’aéroport de Roissy Charles de Gaulle.

Entre les textes et les mesures d’application effectivement prises, la contradiction est la règle. Force est de constater qu’en pratique la situation des étrangers aux frontières n’est pas régie par le droit mais par la volonté de les refouler. Le maintien en zone d’attente met en danger l’intégrité physique et psychique de nombreux adultes et, dans certains cas, de mineurs, en famille ou isolés.

 

Dans son rapport 2010, l’Anafé s’inquiète une nouvelle fois des mesures mises en place pour limiter les arrivées aux frontières et l’accès aux territoires français.

Et, lorsque les personnes parviennent aux portes de l’Europe, les mécanismes de contrôles à l’arrivée sont tels que l’accès au territoire européen relève d’un véritable parcours du combattant.

Les étrangers bloqués et enfermés aux frontières se heurtent à de nombreuses difficultés : manque d’informations sur les procédures de maintien en zone d’attente et de refoulement, caractère expéditif de la plupart des renvois, violences policières alléguées, situations de ping-pong d’un pays à l’autre, ou encore de séparations de familles.

Ils font l’objet de traitements inégalitaires, l'issue de leur procédure étant très différente selon l’aide dont ils ont pu bénéficier et selon les pratiques de la police aux frontières.

L’Anafé dénonce également le sort réservé aux transsexuels, aux victimes d’agressions sexuelles, aux mineurs isolés et aux demandeurs d’asile soumis à une « procédure filtre » au service du contrôle des flux migratoires.

 

Ce bilan 2010 met également en avant l’absence de suivi psychologique et d’infrastructures adaptées aux personnes handicapées. La pratique du refoulement pouvant parfois conduire à des situations confinant à l’acharnement.

Si l’Anafé assure une assistance juridique aux étrangers qu’elle rencontre, sa présence ne saurait à aucun moment constituer une garantie suffisante du respect des droits des personnes maintenues. Cette responsabilité est celle de l’Etat, qui devrait notamment garantir l’assistance gratuite d’un avocat dès la notification du placement en zone d’attente.

 

Ce bilan d’observation 2010 vise à dénoncer les dysfonctionnements observés au quotidien en zone d'attente de Roissy. Et à interpeller les pouvoirs publics afin qu’ils modifient profondément leur politique en matière de migrations, et notamment en matière de contrôles aux frontières.

 

Eléments statistiques

Sur les 767 personnes suivies par l’Anafé :

524 ont été admises sur le territoire (les motifs d’admission sont variables) et 46 placées en garde à vue.

194 personnes ont été refoulées dont 131 demandeurs d’asile (59 directement vers le pays de nationalité dans lequel ils invoquaient des craintes pour leur vie).

 

http://www.anafe.org/download/rapports/rapport%20activit%E9%20Anaf%E9%202010.pdf

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1 août 2011 1 01 /08 /août /2011 06:11

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La Convention de 1951 relative au statut des réfugiés dont on célèbre le 60ème anniversaire constitue le document-clé dans la définition du réfugié, ses droits et les obligations légales des états. Le protocole de 1967 a retiré les restrictions géographiques et temporelles de la Convention.

En juillet 2001, le HCR a publié une édition spéciale de son magazine Réfugiés, dédiée au 50e anniversaire de la Convention.

 

Incendie au Centre de rétention administrative de Lyon Saint-Exupéry

 

Cinq réfugiés pour un demandeur d’asile

 

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