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1 novembre 2013 5 01 /11 /novembre /2013 07:49
L'accueil des mineurs étrangers à bout de souffle

http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2013/10/11/01016-20131011ARTFIG00531-l-accueil-des-mineurs-etrangers-a-bout-de-souffle.php

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INFOGRAPHIE - Les services départementaux qui les prennent en charge sont saturés, malgré une récente circulaire visant à mieux les répartir sur le territoire.

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Il parle avec un fort accent, mais son français est compréhensible et lui permet, dans la cour du foyer, d'expliquer un geste technique de footballeur à un camarade. Ardit a 17 ans. Il y a un an, il arrivait en France, à Dijon, depuis son Kosovo natal. «Je ne parlais pas un mot», confie-t-il, avant de raconter son «parcours de vie»: accompagné par son cousin également mineur, il a traîné dans les rues de Dijon, avant qu'un «inconnu» leur indique l'adresse du conseil général.

Informés de sa situation, les services de l'aide sociale à l'enfance (ASE) du département de Côte-d'Or l'ont alors pris en charge, au nom de leur mission de protection de l'enfance. Après trois mois passés, faute de place, dans un hôtel avec des jeunes venus du Kosovo, d'Albanie ou du Congo, il est arrivé en décembre dans un foyer tenu par la fondation des Apprentis d'Auteuil à Ouges, un village à une dizaine de kilomètres au sud de Dijon. Qu'est-ce qui l'a motivé à venir en France? «On a pris la décision en famille. Là-bas, tu ne peux pas vivre normalement, travailler normalement.»

Ardit est un «MIE», un mineur isolé étranger. Sans tuteur légal en France, sans titre de séjour, il est comme 8000 à 9000 autres enfants étrangers, pris en charge par les départements. Des départements qui alertent l'Etat sur la surcharge de leur dispositif d'accueil. Le 31 mai, la ministre de la Justice Christiane Taubira a publié une circulaire visant à mieux répartir la charge de ces jeunes migrants isolés sur le territoire pour soulager les départements les plus touchés par cet afflux.

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Ils sont ainsi 112 en Côte-d'Or à être accompagnés comme Ardit, 52 mineurs et 60 majeurs - les conseils généraux peuvent prolonger les initiatives d'insertion après 18 ans, jusqu'à 21 ans. Ce chiffre pose problème aux responsables de l'ASE: «Les MIE représentent environ 10 % des 1300 enfants admis», calcule Dominique Blin, directrice pour l'enfance, la famille et l'insertion au conseil général de la Côte-d'Or. «Sur les 16-18 ans, les étrangers sont deux fois plus nombreux que les enfants du département. Il y a peu, les deux tiers des structures pour adolescents du département étaient occupés par des MIE. Ça met une pression importante sur le dispositif d'accueil.» Or, renchérit Luc-Adrien Jeannot, chargé des MIE au conseil général, «chez les ados de la Côte-d'Or, il y a des situations également très difficiles, avec de gros problèmes scolaires, familiaux. Toute la question est de savoir comment accueillir les MIE dans de bonnes conditions sans pénaliser les jeunes de la Côte-d'Or.» D'autant que chacun d'eux coûte 110 euros par jour à Ouges, et jusqu'à 250 euros dans d'autres structures.

«À Ouges, ce n'est pas un hôtel, prévient Annie Delvaux, la directrice de la «maison» des Apprentis d'Auteuil. Le but est de les faire entrer dans l'emploi et dans l'autonomie.» Cette bâtisse accueille ainsi 25 jeunes de 14 à 21 ans, dont six MIE. Aidés par des éducateurs, ils apprennent à gérer un budget et à trouver un lieu d'apprentissage pour décrocher un emploi et des papiers. Ardit, lui, veut devenir serveur. Un restaurant italien a accepté de le prendre en stage. Le jeune homme, s'il fait ses preuves dans ce dispositif, pourra peut-être régulariser sa situation. Ce qui n'est pas le cas de tous ceux qui passent par l'ASE, certains «disparaissant dans la nature du jour au lendemain», note Annie Delvaux.

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