Vingt minutes pour convaincre les juges du droit d'asile

Publié intégralement ici http://www.lanouvellerepublique.fr/Toute-zone/Actualite/Economie-social/n/Contenus/Articles/2013/12/04/Vingt-minutes-pour-convaincre-les-juges-du-droit-d-asile-1711463

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La Cour nationale du droit d’asile fixe chaque jour le destin d’une douzaine de migrants venus du monde entier. Reportage à Montreuil.

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Il est quinze heures, ce lundi de novembre. Au rez-de-chaussée de la Cour nationale du droit d'asile (CNDA), des étrangers cherchent, fébriles, leur nom sur les listes qui viennent d'être affichées. Leur avenir tient dans une case. Ils viennent du Bangladesh, de Tchétchénie ou d'Afrique subsaharienne. Tous espèrent obtenir le statut de réfugié. Mais seul un sur six sera autorisé à rester en France.

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La Cour abrite seize salles d'audience dans un immeuble moderne de Montreuil, aux portes de Paris. Ici atterrissent 86 % des demandeurs d'asile déboutés par l' Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra).

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C'est le cas de cette jeune journaliste arménienne, apprêtée pour l'audience. D'une voix claire, elle explique avoir subi des pressions après la diffusion d'un reportage télévisé sur la vente d'un bidonville. Les hommes de main d'un homme politique local l'ont enlevée puis séquestrée alors qu'elle était enceinte. Des coupures de presse étayent son discours. « Ça ne vous paraît pas crédible qu'on ait voulu botter le cul d'une emmerdeuse ? », plaide son avocat.

La crédibilité. C'est la clé. En vingt minutes, les demandeurs d'asile doivent convaincre la cour qu'ils correspondent à la définition de la Convention de Genève, qui considère comme réfugiée toute personne « craignant avec raison d'être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques ».

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Les dossiers de ces migrants sont arrivés à la Cour sept mois plus tôt en moyenne. Le délai de jugement, qui était de quinze mois en 2010, a « réduit de moitié grâce aux moyens supplémentaires attribués par l'État », explique Pascal Girault, secrétaire général de la CNDA. Et ce, malgré l'explosion du nombre des demandes d'asile.

« Une grande partie des arrivées sous couvert d'une demande d'asile sont dues à un mal-vivre dans le pays d'origine, et on ne peut pas exclure que certains jouent la montre » pour s'installer sur le territoire, concède Pascal Girault. Mais, ajoute-t-il, « la plupart ont envie que la décision soit prise dans des délais raisonnables ». Les demandeurs du jour seront fixés dans trois semaines.

chiffres-clés

> 217.865. C'est le nombre de réfugiés que comptait la France en 2012.

> 54.825. C'est le nombre de demandes d'asile enregistrées durant les dix premiers mois de 2013. Un chiffre en hausse de 75 % sur cinq ans.

> 36.362. C'est le nombre de dossiers traités par la Cour nationale du droit d'asile en 2012. Parmi eux, 5.680 ont obtenu asile.

> 19. C'est, en nombre de mois, la durée moyenne de la procédure de demande d'asile.

> 11,1. C'est le pourcentage de requérants venant du Bandladesh, premier pays de provenance. Suivent la République démocratique du Congo (9,92 %) et le Sri Lanka (7,99 %).