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18 novembre 2014 2 18 /11 /novembre /2014 00:39
A Calais, "Mummy" Brigitte recharge les portables et le moral des migrants

Par Gilles Costaz. Article intégral ici http://www.lepoint.fr/societe/a-calais-mummy-brigitte-recharge-les-portables-et-le-moral-des-migrants-11-11-2014-1880262_23.php

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"21, 7, 3, 13", répète Brigitte Lips en fouillant dans les corbeilles alignées dans son garage à Calais; dehors, derrière le portail, une dizaine de migrants érythréens attendent en silence de récupérer leur téléphone portable enfin rechargé.

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"Je leur donne un papier avec un numéro en échange du portable et de son chargeur : je peux en prendre 150 par jour", explique à l'AFP cette femme de 58 ans, au visage rond et avenant, cheveux courts gris et lunettes rouges, que les réfugiés appellent "Mummy".

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Ça a commencé en mai, se souvient la bénévole du Secours catholique, mère de quatre enfants âgés de 19 à 41 ans, ancienne patronne de restaurant devenue animatrice en centre commercial. Pourquoi chez elle? Parce que tous ses voisins ont refusé, répond-elle doucement.

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Selon la préfecture, ils sont 2.500 à vivre dehors, sans eau, sans électricité pour recharger ces téléphones qui leur permettent de garder le contact avec leurs proches restés au pays ou déjà passés en Angleterre. Ils s'entassent dans des campements de fortune, comme celui installé à un jet de pierre de la maison de Brigitte, dans les dunes, à l'abri des regards.

Les premiers arrivent au portail dès 07H00. Le soir, elle débranche la sonnette de sa maison à 19H00, pour souffler enfin un peu. Sept jours sur sept.

"Ma vie tourne autour de ces migrants, je ne prends plus beaucoup de temps pour moi, je me dis : ils ont besoin de moi et, en même temps, je me sens coupable de ne pas faire plus", explique cette catholique pratiquante pour qui "le ciel se gagne sur Terre".

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Aînée d'une famille de sept enfants, Brigitte Lips a grandi à Calais, ses parents étaient marchands de vin et de bière. "On a été élevé dans l'accueil de l'autre", affirme-t-elle avant de raconter ce Noël où ses parents avaient invité trois petites filles "de milieu très défavorisé". "Elles ont eu la même poupée que mes sœurs et moi", dit-elle.

Depuis quinze ans, elle vient en aide aux migrants qui transitent par Calais, d'abord au centre de Sangatte (Pas-de-Calais), entre 1999 et 2002, puis dans la "jungle", démantelée en 2009.

"Ils ont besoin qu'on leur parle, d'un peu de réconfort, ils ont survécu au désert, aux boat-people", murmure-t-elle. "Ils existent, ce ne sont pas des ombres qui passent dans la nuit, ce ne sont pas des chiens, ce sont des humains".

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