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22 septembre 2015 2 22 /09 /septembre /2015 00:03

texte intégral ici http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20150910.OBS5614/la-distinction-entre-bons-refugies-et-mauvais-migrants-n-est-pas-tenable.html

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Pour Eric Fassin, sociologue spécialiste de l'immigration, la réhabilitation des réfugiés est un début. Mais l'idée que l'immigration est une chance n'a pas encore gagné les esprits des élites.

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L'Europe est d'accord pour accueillir les réfugiés "qu'il faut protéger" mais les migrants économiques ont selon ses dirigeants "vocation à être reconduits à la frontière". Une manière d'entériner l'idée selon laquelle "l'immigration est un problème" et qu'elle doit rester exceptionnelle ? Pour Eric Fassin, sociologue spécialiste de l'immigration, professeur à l'université Paris-8, la réhabilitation des réfugiés est déjà un début. Interview.

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Il y a encore dix jours, le terme "migrant" était employé à tout va pour désigner tous ceux qui quittent leur patrie pour l’Europe, y compris les réfugiés. En quoi la confusion lexicale était-elle préjudiciable ?

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- Le mot "réfugié" avait quasiment disparu du langage politique. Il y a deux semaines, dans la presse, quand le Haut commissariat pour les réfugiés (HCR) utilisait ce mot, on traduisait en français par "migrants". C’est seulement depuis quelques jours qu’à l’exemple du président de la République on redécouvre ce vocable. Or, confondre tous les migrants en une seule catégorie, c’est effacer la distinction juridique. Le droit d’asile a été dissous dans ce qui nous était présenté comme "le problème de l’immigration".

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C’est tout le sens de la notion d’immigration "subie" que Nicolas Sarkozy a imposée dans le débat public en 2005 : il ne s’agissait plus seulement de s’en prendre aux sans-papiers, mais de grossir le "problème" en incluant le regroupement familial et les couples binationaux, mais aussi les réfugiés, bref, toute l’immigration que la France n’aurait pas "choisie". Ainsi, l’immigration "subie" incluait non seulement l’immigration irrégulière, mais aussi l’immigration légale, et en particulier l’asile, qui est de plein droit. Résultat : on soupçonnait les demandeurs d’asile d’être de "faux" réfugiés, et de "vrais" migrants économiques.

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"La distinction entre 'bons' réfugiés et 'mauvais' migrants n'est pas tenable"

Il y a donc une évolution.

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- Quelque chose a bougé ces derniers jours. Mais quelle est la nouvelle logique qui se met en place ? L’Union européenne revendique désormais une répartition des réfugiés, c’est contradictoire avec le règlement Dublin, qui prévoit que les demandes d’asile soient traitées dans les pays où les réfugiés sont enregistrés, et donc dans ceux par où ils sont entrés en Europe - autrement dit, surtout dans le Sud, en Italie et en Grèce. Mais aujourd’hui, l’Allemagne donne l’exemple au Nord.

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Toutefois, dans leur lettre du 3 septembre, Angela Merkel et François Hollande suggèrent autre chose. Ils posent d’emblée la distinction entre les réfugiés qui "fuient la guerre" et les autres migrants "qui tentent d’améliorer leurs conditions matérielles" : il s’agit d’accueillir les premiers, et de reconduire les seconds.

Mais comment va s’effectuer ce "tri" ? Avec des "hotspots", dit la lettre, des "dispositifs d’accueil" qui sont en vérité… des centres de tri. Et de préciser qu’il y en aura en Italie et en Grèce. Autrement dit, la "répartition" se fera davantage au Nord, mais le "tri" continuera de se faire au Sud !

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