http://www.20minutes.fr/article/838582/sans-abri-mal-lotis-grenoble
Social Associations et partis de gauche ont dénoncé hier la saturation de l'hébergement hivernal
Zoran et sa femme ont erré pendant des heures mardi soir, à la recherche d'un abri pour passer la nuit : « On a voulu s'installer dans le tunnel sous la gare mais la police nous a aussitôt chassés. On a fini par dormir sous un hall de magasin. » Le cas de cette famille serbe est loin d'être isolé. « Dans l'agglomération grenobloise, près de 1 000 personnes dorment actuellement dans la rue ou dans un local à poubelles, une voiture ou sous un pont, s'indigne Jo Briant, président du Centre d'information inter-peuples (CIIP). Or le plan hivernal de la préfecture ne prévoit que 245 places, destinées uniquement aux demandeurs d'asile ou à ceux qui ont un récépissé attestant de leur demande. » Les autres - déboutés du droit d'asile ou « clochards traditionnels » - peuvent être hébergés dans un gymnase mais seulement à partir de moins 10 °C. Une situation qui a poussé plusieurs associations, partis et syndicats à se rassembler place Félix-Poulat hier, en fin d'après-midi.
Le 115 débordé
« Le
dispositif d'hébergement d'urgence est totalement saturé, poursuit Jo Briant. Le 115 est débordé et ne peut répondre positivement qu'à 12 ou 13 appels sur 100 reçus. » Et ce ne sont pas les 50
places du centre d'accueil intercommunal ou les 60 de l'ex-centre de vacances d'EDF à Pont-de-Claix qui peuvent absorber ce flot de demandes. D'autant que les conditions d'accueil sont jugées
insuffisantes par les associations. « La préfecture a décidé que les structures financées par l'Etat ne seraient plus des appartements mais des dortoirs collectifs, ce qui nuit à la vie de
famille », précise Jo Briant. « Un lieu a été ouvert à Saint-Martin-le-Vinoux avec juste un toit et des murs, ajoute Jacqueline Leininger, présidente de l'ADA (Accueil demandeurs d'asile). Les
gens n'ont ni nourriture ni accompagnement social. » Elle s'insurge en outre contre le sort des demandeurs d'asile de la Corne de l'Afrique, placés en procédure prioritaire : « Ils étaient
souvent travailleurs agricoles ou dans le bâtiment mais le préfet a décrété que leurs empreintes n'étaient pas lisibles. Ils n'ont donc droit à rien. » Contactée, la préfecture n'a pas souhaité
s'exprimer.
Manuel Pavard