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18 octobre 2011 2 18 /10 /octobre /2011 17:41

mur2.jpgpar Clotilde de Gastines, Claude Emmanuel Triomphe - 24 Septembre 2011

Extraits.

Pour retrouver l’article intégral http://www.metiseurope.eu/limiter-les-migrations-du-travail-ne-prot-ge-pas-la-main-d-oeliguvre-nationale_fr_70_art_29210.html

 

3 744 salariés migrants sont arrivés en France en 2009. On est loin des 200 000 annoncés par le gouvernement. Pour Francine Blanche, membre de la commission exécutive de la CGT et chargée des luttes contre les discriminations, le débat sur l'ouverture de listes de métiers occulte le vrai sujet : comment régulariser les salariés migrants, qui sont déjà en France depuis plusieurs années. Elle décortique les chiffres et les récentes dispositions.

Le discours politique actuel est très négatif voire alarmiste sur les migrations du travail en France. Comment se déroulent les concertations de la CGT avec le gouvernement sur ces questions ?
Depuis le début du mouvement des travailleurs sans papiers en 2008, nous voyons régulièrement le gouvernement sur ces questions. A partir du 12 octobre 2009, 6804 salariés se sont mobilisés. Déjà 2500 ont été ou sont en phase de régularisation sur la base d'une liste de 85 métiers, qui est encore en vigueur pour eux.

À l'extérieur de ces réunions, l'affichage à ambition électoraliste fausse le débat. La question des migrations est un sujet sensible, qu'on ne peut traiter de façon idéologique. Les annonces à répétition trahissent une vision politique étriquée, qui va à l'encontre d'un marché du travail qui se voudrait régulé et équitable pour chacun(e).

 

Combien de sans papiers travaillent en France environ ? Comment sont-ils impactés par la crise et la politique migratoire restrictive de ces dernières années ?
D'une façon générale, la crise économique a affecté les besoins de recrutement de tous les salariés. Les travailleurs étrangers « légaux » ont été particulièrement touchés. Pourquoi ? Ils sont d'abord ouvriers (un salarié immigré sur deux), intérimaires et habitent en zone urbaine. Ce sont ces salariés, immigrés ou nationaux, que la crise a le plus impactés.

Les autorités estiment à 400 000 le nombre de « sans papiers » en France. La très grande majorité d'entre eux travaillent « d'une façon ou d'une autre » et cela, malgré la crise.

Selon notre expérience, la plus grande sanction qu'on puisse faire à un employeur qui exploite sciemment des travailleurs sans papiers n'est de pas de fermer son entreprise. Lui ou d'autres la rouvriront sous un autre nom 20 mètres plus loin, avec ces salariés ou d'autres toujours « sans papiers ». Il faut l'obliger à régulariser ses salariés et à les déclarer selon les normes sociales en vigueur. La répression telle qu'elle est menée actuellement est inefficace, injuste envers les salariés et favorise le travail illégal. Et, ce n'est pas faute de légiférer : 48 lois sur le travail au noir depuis 2000 !

 

En début d'année, la polémique a enflé autour de la proposition de Claude Guéant le ministre de l'intérieur de faire baisser l'immigration de 20 000 personnes. Quels sont les vrais chiffres de l'immigration et la part des migrants du travail ?
Le Ministère de l'Intérieur publie ces chiffres en interne mais peine à les afficher : Un peu moins de 200 000 migrants au total obtiennent un premier titre de séjour par an (NB : un chiffre stable). Environ 100 000 repartent. D'après la dernière enquête ELIPA (Enquête Longitudinale sur l'Intégration des Primo-Arrivants), les « nouveaux migrants à titre permanent » en 2009 sont au nombre de 97 736. Ils sont comptabilisés à l'unité près, car ils passent une visite médicale avant la remise de leur carte de séjour et signent pour la plupart un CAI (Contrat d'Accueil et d'intégration).

En fait, le tiers de ces migrants est déjà là et régularise sa situation : plus de la moitié de ces « régularisés » sont déjà en France depuis au moins 2 ans. Les migrants salariés, qui étaient 20 000 à recevoir une première « carte de séjour salarié » en 2009 étaient là en moyenne depuis déjà 8 ans. Seuls 3744 arrivaient. Bien sûr le mouvement des travailleurs sans papiers a accentué cette tendance.

La question n'est donc pas d'accueillir de « nouveaux salariés qui pèseraient sur le marché du travail » (comme le dit la loi du 25 mai 2008 !), mais de faire en sorte que les salariés qui bossent déjà ici voient enfin leur situation reconnue et pour beaucoup, améliorée, à égalité de traitement avec les salariés nationaux. Nous ne voulons pas que des salariés soient obligés de travailler "d'une façon ou d'une autre". C'est mauvais pour eux et pour tous. Ceux qui ne cotisent pas ne demandent qu'à cotiser.

Le ministère de l'Intérieur connaît tout cela. Ces chiffres sont tirés des rapports remis à l'OCDE tous les ans (SOPEMI) et des enquêtes qu'il diligente (ELIPA).


Le principe de protection de la main d'œuvre nationale qui restreint l'accès à quelques métiers, est-il valable ou aberrant ?
On ne protège pas la main d'œuvre nationale en limitant l'accès au marché du travail. Ça ne marche pas. Les syndicalistes le disent. Les employeurs le savent. On est dans un monde aux frontières perméables. Les salariés circulent quels que soient les obstacles et les risques, d'autant plus s'ils n'ont pas de perspectives d'avenir dans leur propre pays.

 

Repères :
Enquête ELIPA, Les nouveaux migrants en 2009 Téléchargez Infos migrations n° 19
Rapport du SOPEMI pour la France
, novembre 2010 : http://www.immigration.gouv.fr/IMG/pdf/SOPEMI_2010.pdf

Documentation Metis : Migrations et mondialisation

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