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24 octobre 2012 3 24 /10 /octobre /2012 05:59

Incroyable histoire que viennent de vivre quatre naufragés africains, à savoir deux Guinéens, un Nigérian et un Sierra-Léonais.


Article intégral : http://www.elwatan.com/une/sauves-par-des-gardes-cotes-algeriens-l-incroyable-mesaventure-de-naufrages-africains-19-10-2012-189397_108.php


Le 17 octobre 2012 vers 16h, le commandant d’un navire de commerce libérien, un porte-containers, lance un appel pour annoncer la présence de  naufragés africains vivants, agrippés à des fûts au large de la ville de Cherchell, à une distance de 16 miles nautiques (26 km, environ). Immédiatement, la vedette de sauvetage du Groupement territorial des garde-côtes (GTGC) de Cherchell se dirigea vers le lieu indiqué par le commandant de bord du navire libérien, le Lana, pour l’opération de sauvetage. Les marins du Lana avaient remis des combinaisons aux naufragés épuisés, à la limite de la mort. «Ils n’ont cessé de lever leurs bras vers le ciel et pleurer», nous dira l’un des sauveteurs. …/… Leur histoire dramatique a débuté à partir du port togolais de Lomé, le 10 septembre dernier, où ils travaillaient comme dockers.

Ce jour-là, un marin philippin informe Mamadou Naciro Bari, Guinéen âgé de 26 ans, père d’un garçon de deux ans, du départ imminent vers l’Europe du navire sud-coréen Hyundaï Treasure Ship. Le docker guinéen candidat pour l’émigration vers l’Europe informe ses trois autres camarades, âgés entre 25 et 27 ans. Ils trompent la vigilance des éléments chargés de la surveillance des navires qui se trouvent dans les quais du port de Lomé et arrivent à monter dans «le trou» du navire sud-coréen, en escaladant les chaînes en acier qui retiennent le navire au quai, pour atteindre le propulseur de l’étrave. Ils trouvent un petit espace sous la cale. …/…

Balancés à la houle 

Les clandestins, crevant de faim, tentent discrètement de quitter le fond de la cale afin de regagner le compartiment supérieur à la recherche d’un bout de pain ou autres aliments et de l’eau. Mais ils sont repérés par les marins du Hyundaï Treasure Ship. Ils sont malmenés. Arrivés au port de Casablanca, le 11 octobre 2012, le commandant du navire informe les autorités portuaires marocaines de la présence illégale à bord de son navire de deux Guinéens, un Nigérian et un Sierra-Léonais. Les policiers marocains exigent alors du responsable du navire les frais de rapatriement des clandestins, sinon c’est à lui de les rendre au port de Lomé. Les négociations entre les autorités marocaines et le commandant de bord n’ont servi à rien. Le 13 octobre 2012, le navire Hyundaï Treasure Ship quitte le port de Casablanca afin de rejoindre l’Europe par la Méditerranée. Et les menaces commencent : les clandestins craignent le pire.

«Le commandant du navire nous avait dit que le Real Madrid c’est tout près d’ici, vous pouvez partir à la nage !», explique Mamadou Naciro. Les grosses vagues faisaient tanguer le navire violemment. Les clandestins africains refusent de quitter le navire. Ils voient la mort qui se profile à l’horizon. Personne ne parviendra à leur venir en aide. Le commandant du navire fait fabriquer un radeau en soudant six fûts. Il fait nuit. La houle au large de la Méditerranée agitait le navire sud-coréen. Les pleurs, les cris ne font pas fléchir la volonté du commandant et de son équipage. Le radeau est balancé dans l’eau et ce 15 octobre, sous les projecteurs du navire, vers 2h du matin, les clandestins sont jetés à la mer. Ils s’accrochent à leur radeau de fortune qui ne résiste pas aux chocs des vagues.

nauf.jpg«Criminels»

Les fûts se détachent. Les naufragés doivent s’accrocher chacun à un fût. Le navire sud-coréen s’est sauvé depuis des heures. Inquiétude, pleurs, prières, au milieu de la mer et de la nuit. Epuisés, ils n’ont plus la force de crier. Seuls quelques gestes d’une seule main sont effectués à l’adresse des grands navires, qui créent des grosses vagues à leur passage. Hélas, ils sont «invisibles» et les navires transitant et ne répondent pas à leurs gestes désespérés. Le Nigérian, un universitaire, a failli mourir noyé. Il a été sauvé de justesse par ses copains en difficulté. Ils lui avaient ramené le fût qu’il perdit pour continuer à «s’accrocher à la vie». «On ne voyait même pas l’horizon», nous avoue l’un d’eux.

Le 17 octobre, le navire Lana s’approche des naufragés. Le cauchemar est terminé. Très bien traités et parfaitement pris en charge, les naufragés déclarent : «Le commandant du navire sud-coréen et son équipage sont des criminels, mais nous voulons rejoindre nos familles en Afrique maintenant. Nous ne savons pas comment remercier l’Algérie pour nous avoir sauvé la vie.» …/… 

MHouaoura

 

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23 octobre 2012 2 23 /10 /octobre /2012 05:49

Avec la poursuite de la crise en Syrie, le HCR exhorte les Etats de l’Union européenne à respecter les principes du Système européen commun d'asile


Avec un nombre restreint mais croissant dedemandeurs d'asile syriens arrivant dans les pays de l'Union européenne, le HCR rappelle aux Etats membres de l’UE l'importance de respecter les principes du Système européen commun d'asile. Il s'agit notamment d'assurer l'accès au territoire et aux procédures de demande d’asile, de mettre en œuvre des approches harmonisées en termes de décision pour les demandes d'asile et d’offrir un soutien mutuel entre les Etats membres. C’est l’occasion pour l'UE de mettre en pratique son engagement de solidarité.

 

Selon Eurostat, entre janvier 2011 et août 2012, l'Union européenne ainsi que la Norvège et la Suisse ont reçu 16 474 demandes d'asile de la part de Syriens. Les chiffres varient selon les pays européens : l'Allemagne en a reçu 5 515, la Suède 2 506, suivie de la Suisse (1 405), l'Autriche (972), le Royaume-Uni  (912), le Danemark (908) et la Belgique (796). Les statistiques d’arrivées dans les autres Etats membres sont plus faibles.

Alors que la plupart des États membres procèdent au traitement des demandes d’asile et accordent une protection aux Syriens, les approches observées actuellement sur l’interprétation des critères de protection ainsi que le type de statut et des droits accordés varient considérablement. En Grèce par exemple, le système d’asile ne répond pas aux besoins de nombreux réfugiés en termes de protection. Dans certains pays localisés à la frontière orientale de l'UE, les taux de rejet s’élèvent à plus de 50%. Par ailleurs, certains pays sont davantage susceptibles de tolérer le séjour de Syriens plutôt que de leur accorder une réelle protection. Il y a donc un risque réel que les personnes ayant besoin de protection se voient refuser les droits auxquels ils ont droit en vertu du droit européen ou international et qu’ils seront obligés de se déplacer à nouveau (le plus souvent vers d'autres Etats de l'UE).

syrie.jpgL'Iraq, la Jordanie, le Liban et la Turquie continuent d'accueillir la grande majorité des réfugiés syriens. Aujourd'hui, on compte 343 871 Syriens qui sont officiellement enregistrés en tant que réfugiés ou qui reçoivent une aide. Les arrivées de demandeurs d'asile en provenance de Syrie dans les pays de l'UE sont relativement peu nombreuses, avec moins de 20 000 demandes d'asile déposées par des Syriens ces 18 derniers mois.

Avec la crise qui se poursuit en Syrie, une planification d'urgence au niveau national pour les nouveaux arrivants doit avoir lieu. Au niveau européen, l'application de la directive sur la protection temporaire et d’autres mesures appropriées doivent être également envisagées, selon l’évolution de la situation. Comme toujours, il est important que le droit de déposer une demande d'asile soit maintenu à tout moment.

L'Union européenne et les États membres sont parmi les plus grands contributeurs au Plan d'action régional pour les réfugiés syriens, représentant la planification combinée de 52 agences des Nations Unies et d’ONG qui viennent en aide aux réfugiés syriens en Jordanie, au Liban, en Iraq et en Turquie. Ce plan a été récemment révisé et les fonds recherchés s’élèvent désormais à 487,9 millions de dollars. Il est actuellement financé à hauteur de 29%. L'UE a déjà financé ce Plan d’action à hauteur de plus de huit millions d'euros, et envisage de nouvelles contributions. Les différents États membres de l'UE ont également offert un soutien financier bienvenu. Toutefois, des financements supplémentaires sont et seront nécessaires afin de répondre aux besoins humanitaires urgents des personnes déracinées.


communiqué du HCR, le 17/10/2012


Lire aussi la tribune rédigée par Pierre Henry, directeur général de France terre d'asile, "Syrie, de la responsabilité de protéger à la solidarité responsable", cliquez ici.

 

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22 octobre 2012 1 22 /10 /octobre /2012 05:05
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20 octobre 2012 6 20 /10 /octobre /2012 08:34

En Avril 2012, le HCR a publié un rapport intitulé «La Hongrie en tant que pays d'asile : observations sur la situation des demandeurs d'asile et des réfugiés en Hongrie »[1].

Un rapport intitulé «Serbie comme un pays d'asile: l'observation sur la situation des demandeurs d'asile et bénéficiaires de la protection de la Serbie a également été publié par le HCR en Août 2012[2].

Les deux documents décrivent la situation en ce qui concerne l'accès à procédures d'asile, des normes de conditions d'accueil, la qualité de la prise de décision de l'asile, la détention, les personnes ayant des besoins spécifiques et d'autres questions pertinentes dans le pays. .../…

La situation actuelle

Le HCR observe que la Hongrie continue à renvoyer les demandeurs d'asile vers des pays le jugés pays d'asile sûrs ou «pays tiers sûrs» - une pratique qui crée un risque de refoulement indirect. Ces personnes se voient refuser l'examen du bien-fondé de leur demande d'asile en Hongrie avant leur renvoi. Comme indiqué dans la note d’avril 2012, la Hongrie considère la Serbie comme un «pays tiers sûr», et renvoie systématiquement les demandeurs d'asile ayant transité par la Serbie sans examen de leurs demandes sur le fond. …/…

Les enfants de moins de 14 ans ne semblent plus être renvoyés en Serbie en application le principe du «pays tiers sûr». Ce changement attend toujours une confirmation par le contrôle des pratiques, afin de s'assurer que ces enfants ne voient pas systématiquement refuser la protection.

 

En outre, l'accès aux procédures d'asile en Hongrie reste également problématique pour les demandeurs d'asile en détention et pour les demandeurs d'asile de retour en Hongrie dans le cadre du système de Dublin II provenant d'autres États Dublin. Les demandeurs d'asile renvoyés en Hongrie en vertu de l'accord de Dublin ne sont pas automatiquement considérés par les autorités hongroises comme des demandeurs d'asile. Ceci même s'ils avaient déjà cherché protection dans un autre Etat européen, et indépendamment du fait qu'elles ont été transférées conformément à la Règlement Dublin II.

hongrie.jpgLa plupart des candidats reçoivent un arrêté d'expulsion et de détention qu’une demande d’asile ne peut pas lever automatiquement.

Par conséquent, les demandeurs d'asile transférés vers la Hongrie dans le cadre du règlement Dublin II ne sont pas protégés contre l'expulsion vers des pays tiers, même si le bien-fondé de leur demande d'asile n'a pas été examiné.

 

Dans sa note sur la Serbie en août 2012, le HCR  a constaté que la Serbie n'a pas garantir le statut de réfugié depuis qu’elle assume la responsabilité de la procédure d'asile en 2008 et qu’elle a accordé la protection subsidiaire dans cinq cas seulement. Pratiquement tous les cas sont rejetés au motif que les demandeurs se rendent en Serbie par un pays tiers sûr.

 

Conclusion

Le HCR maintient ses préoccupations précédemment exprimées concernant la pratique de la Hongrie qui continue de traiter les demandes d'asile via le règlement Dublin comme des demandes ultérieures, sans garantie de protection de renvoi vers des pays tiers avant l'examen du bien-fondé des demandes d'asile. L'organisation est aussi particulièrement de ces pratiques vis-à-vis de la Serbie comme un pays tiers sûr, et le retour des demandeurs d'asile dans ce pays sans un examen fondé de leurs revendications.

Le HCR et d'autres ont mis en évidence les nombreux domaines dans lesquels des améliorations sont nécessaires dans le système d'asile serbe. Les obstacles importants à un examen juste et efficace pour les demandeurs d'asile en Serbie, et la pratique attestée de renvoi ultérieur des demandeurs d'asile de Serbie vers les pays voisins, crée un risque important de refoulement des demandeurs d'asile renvoyés vers la Serbie, de Hongrie. Sur cette base, le HCR recommande que les États participant à Dublin s'abstenir de transférer des demandeurs d'asile dans le cadre du Règlement Dublin II en Hongrie, dans les cas où les demandeurs d'asile auraient pu passer en Serbie avant d'entrer dans la Hongrie.

 

Voir aussi : http://www.forumrefugies.org/fr/Actualites/Europe/Les-pays-europeens-sont-exhortes-a-arreter-de-renvoyer-vers-la-Hongrie-les-demandeurs-d-asile-qui-ont-transite-par-la-Serbie


1] Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, de la Hongrie en tant que pays d'asile. Observations sur la situation des demandeurs d'asile et des réfugiés en Hongrie (ci-après «le HCR Hongrie rapport»), 24 Avril 2012.

[2] HCR, la Serbie comme un pays d'asile. Observations sur la situation des demandeurs d'asile et des bénéficiaires de protection internationale en Serbie (ci-après «le HCR Serbie rapport»), Août 2012.

http://www.unhcr.org/refworld/docid/50471f7e2.html

 

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18 octobre 2012 4 18 /10 /octobre /2012 05:35

 

1-bebes.png

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17 octobre 2012 3 17 /10 /octobre /2012 05:32

Article intégral publié ici http://loeildelexile.wordpress.com/2012/10/07/60-ans-de-lofpra-les-refugies-temoignent/ 

 

1ofprapublication.pngL’Ofpra célèbre cette année ses soixante ans d’existence en publiant pour la première fois les parcours et témoignages de celles et ceux qui, un jour, ont trouvé en France une terre d’asile.

Plutôt que de nous livrer des statistiques de son exercice depuis sa création en 1952, l’Office Français de Protection des réfugiés et Apatrides, Ofpra, vient de publier trente parcours individuels remarquables dans un joli livre blanc « Réfugié en France, de l’exil à la reconnaissance ». …/…

 « Au sommet des institutions des droits de l’homme »

Des témoignages, les uns aussi poignants que les autres se sont succédés au Cape, dévoilant à la fois la noblesse et la complexité de la mission de l’Ofpra. Pour Miguel Angel Estrella, ancien réfugié argentin, actuellement ambassadeur de son pays à l’Unesco, l’Ofpra devrait « être classé au sommet des institutions de droits de l’homme ». Grâce à l’Ofpra, dit-il « je suis encore en vie ». Et de raconter comment il est arrivé en France en 1980, avec plein de séquelles de torture, après avoir échappé à ses bourreaux. Allusion ainsi faite à l’implacable dictature instaurée en Argentine à partir des années1976, avec son cortège d’enlèvements et de disparitions. …/…

1ofpraa.jpgLes parcours exceptionnels révélés dans ce livre, sans être exhaustifs, ne devrait cependant pas occulter les problèmes et la stigmatisation dont sont parfois victimes les réfugiés. Surtout en ce temps de crise économique et financière où les migrants passent pour de bouc émissaires que certains politiques tentent de sacrifier sur l’autel de l’austérité en Europe.

A ce propos, Jean Gaermink, président du Conseil d’administration de l’Ofpra affirme que depuis des années, l’Ofpra se bat pour emmener l’administration publique à faire la différence entre réfugiés et immigrés. « La logique de protection ne devrait pas être celle appliquée à tous les étrangers » pense t’il.

La confusion vient souvent du fait que les demandeurs d’asile, même s’ils n’obtiennent pas systématiquement le droit d’asile, bénéficient d’une protection de l’Ofpra le temps de l’examen de leur demande. …/…

Léon Awazi Kharomon 

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16 octobre 2012 2 16 /10 /octobre /2012 05:25

gilly.pngGILLY SUR ISERE - Les bibliothèques du territoire s’associent pour proposer «  

 

LES LITTERATURES VOYAGEUSES » du 23 au 28 octobre 2012

 

Cette année, elles ont pour thème : « MIGRER, UNE EPOPEE MODERNE ».

Le voyage n’est pas toujours choisi, il est parfois contraint, comme en témoignent les nombreuses migrations sur notre planète.

 

En recevant Haydée Sabeyran le 23 octobre, journaliste qui a enquêté 12 ans sur les migrants de Calais, c’est ce thème des « gens qui passent, et de « ceux qui témoignent » (migrants clandestins et citoyens) que la bibliothèque de Gilly se propose d’aborder dans le cadre de cet évènement, avec plusieurs rendez-vous.


Lien vers le détail de la programmation de la bibliothèque de Gilly:

https://www.dropbox.com/s/omlyegbphzobmni/PROGRAMME%20gilly.pdf

 

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15 octobre 2012 1 15 /10 /octobre /2012 05:53
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13 octobre 2012 6 13 /10 /octobre /2012 10:18

 

concert191012.png

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12 octobre 2012 5 12 /10 /octobre /2012 05:23

Article intégral publié ici http://alencontre.org/europe/frontex-son-budget-a-ete-multiplie-par-15-en-5-ans.html

 

Entretien avec Claire Rodier conduit par Fabrice Tassel


1xeno_.jpgL’ouvrage de Claire Rodier, Xénophobie Business, est sorti le 3 octobre 2012 (Ed. La Découverte). Il est consacré à l’économie, fort rentable, de la surveillance des frontières. L’emprise des sociétés privées va de la construction de «murs», de centres de rétention – ainsi que de leur gestion – jusqu’à la mise au point d’un travail de guet effectué avec des technologies de pointe. En Pologne, sont mis au point des robots sophistiqués qui devront surveiller la frontière avec l’Ukraine. A l’heure des politiques étatiques de «contrôle des flux migratoires» s’ouvre un marché significatif pour une série de firmes privées. En 2009, Franco Frattini – proche des milieux d’affaires, ancien Commissaire européen, puis ministre des Affaires étrangères du gouvernement Berlusconi IV de 2008 à novembre 2011 – déclarait: «La sécurité est un bien commun dont la mise en place doit être partagée entre public et privé.» Cette «économie de la sécurité» s’étend du système carcéral, aux multiples sociétés de surveillance ou de sécurité, en passant par les firmes spécialisées dans les interventions militaires aux côtés des forces armées officielles. Claire Rodier a enquêté sur «le marché de l’immigration», où, par exemple, la société G4S – sous le logo «Securing your world» – joue un rôle significatif, et surtout jugé prometteur. Cette firme compte 657’000 salarié·e·s, opère dans 125 pays. Elle s’occupe de «problèmes de sécurité» dans un nombre fort important de secteurs, soit liés à des tâches gouvernementales, à des événements sportifs ou à des spectacles, à des installations de transports, des mines, des oléoducs, etc. «Les flux migratoires», leur surveillance et leur contrôle se sont ajoutés à sa tâche «vitale» qu‘elle définit «comme aidant les gens à agir dans un environnement sécurisé, dans lequel ils peuvent prospérer». (Rédaction A l’Encontre) 

***** 

Pourquoi vous êtes-vous intéressée à cet aspect des politiques migratoires des pays riches ?

Depuis longtemps, je m’interroge sur l’efficacité des politiques qui depuis vingt ans prétendent gérer et contrôler les migrations, alors qu’on nous présente toujours les pays riches comme des territoires menacés par une invasion imminente. Comme si chaque nouveau dispositif de contrôle mis en place n’avait pour utilité que de révéler les failles et les lacunes des précédents, et pour finalité de justifier les suivants. L’Agence européenne des frontières, Frontex [1], est l’illustration de ce paradoxe. En cinq ans, elle a vu son budget multiplié par quinze. C’est beaucoup, en période de crise! On ne peut s’empêcher de penser que les murs, les grillages, les radars, et maintenant les drones dont se couvrent les frontières servent moins à empêcher les gens de passer qu’à générer des profits de tous ordres: financiers, mais aussi idéologiques et politiques.

1Claire-Rodier.jpgA la lecture de votre livre, on a le sentiment que les contrôles migratoires ne servent pas qu’à fermer des frontières. Comment expliquez-vous ce paradoxe?

D’abord, il est difficile de concevoir un verrouillage des frontières totalement hermétique pour les «clandestins» sans compromettre la circulation des biens, des capitaux, des marchandises, bref, de tout ce dont la mondialisation se nourrit. Ensuite, il n’est pas certain que, malgré la fermeté de certains discours, le but poursuivi soit vraiment de les maintenir tous hors des frontières. Les économies des pays industrialisés ne peuvent se passer d’un volant de main-d’œuvre flexible et exploitable: les sans-papiers répondent à ce besoin. Et la mobilité, même réduite, reste une soupape, un nécessaire mode d’ajustement aux crises que la communauté internationale ne sait pas résoudre – comme certains conflits ou certaines catastrophes environnementales.

…/…

En quoi le discours alarmiste sur les migrations est-il utile pour les Etats?

On est ici dans la logique bien connue du bouc émissaire: dans le contexte de crise économique et sociétale, la manipulation de l’incertitude et de la peur permet aux gouvernants, incapables d’apporter des solutions aux problèmes rencontrés par leurs électeurs, d’asseoir leur autorité en désignant des coupables.

______

[1] Frontex est entré en action en octobre 2005. Son nom officiel est, à lui seul, un programme : «Agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures des États membres de l’Union européenne».

Cet entretien a été publié dans Libération, le  2 octobre 2012

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